Lyon à l'italienne

L’Est lyonnais a été entraîné dans le mouvement industriel puissant du vingtième siècle et s’est métamorphosé d’un coup, à partir de la guerre de 1914. La métallurgie, la chimie, et le textile artificiel avaient besoin d'une main d’œuvre nombreuse, que la population locale ne pouvait pas fournir, et c'est pourquoi l’immigration s’est imposée comme une composante majeure de ces secteurs. Je m’intéresse dans ce projet par la région de Vaulx-en-Velin, plus précisément par les quartiers de la Poudrette et le Carré de soie, qui ont hébergé notamment la communauté italienne.
L’usine TASE, la plus importante de la région et de main d’œuvre essentiellement italienne, ferme ses portes en 1980 et la région se désindustrialise peu à peu. Cependant, ces deux quartiers gardent toujours une mémoire ouvrière et un héritage culturel très fort. Tous ces parcours individuels, de ces italiens qui ont quitté leur terre natale pour un autre territoire, pour des raisons économiques ou d’opinion, ont marqué d’une façon définitive la mémoire collective de la ville rhodanienne. Surmontant le désir parfois douloureux de retour, ils se sont fondus ainsi que leurs descendants dans l’agglomération lyonnaise pour devenir, chacun dans son domaine, moteur de l’enrichissement politique, économique et culturel du territoire.
Depuis 2007, un nouveau projet de rénovation de cette région est mis en place par la Métropole de Lyon : le Carré de Soie. Le projet compte créer des nouveaux logements, commerces, et services connectant des nouveaux quartiers au cœur des quartiers historiques industriels. C’est un projet qui évoque une volonté d’intégration de ce patrimoine dans le réaménagement des espaces industriels. Toutefois, en pratique, c’est un projet très hygiéniste qui opère un changement structural radical, ce qui implique dans l’effacement des identités culturelles locales. De ce fait, mon projet vise identifier quelle type transformation ces deux quartiers, historiquement marqués par l’immigration ouvrière, vont entamer suite au déroulement du projet Carré de Soie. Par la photographie, je m’interroge sur les changements architecturaux, culturels et politiques de ce territoire, dans le but d’identifier : quelle est la mémoire de cette immigration aujourd’hui ? À quoi a-t-elle été remplacée ?
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